Le Parlement européen pourrait ériger le plus grand filtre de contenu en ligne à ce jour : agissons !

Les décideurs politiques européens travaillent sur le plus important filtre de contenu sur internet encore jamais mis en place, ce qui se traduira potentiellement par l'une des plus massives atteintes à la liberté d'expression en Europe.

Si cela peut paraître un brin dramatique, ce n'est pas exagéré. Les hébergeurs de contenu comme Soundcloud, eBay, Facebook, Flickr et même les hébergeurs engagés pour vos droits (comme les CHATONS) pourraient être forcés de filtrer le contenu que vous y envoyez. Un algorithme décidera à votre place lesquelles de vos communications pourront être vues par le reste du monde.

Pourquoi n’ai-je pas entendu parler de cela avant ?

Ce filtre est proposé dans l'article 13 du texte sur la réforme européenne du droit d'auteur. Il est toutefois très facile de penser à d'autres utilisations de ce filtrage en dehors du contexte du droit d'auteur. Nous mettons notre main à couper que les décideurs attendent déjà avec joie ce filtre pour l'utiliser dans d'autres batailles, qu'il s'agisse des fausses informations (« fake news »), de terrorisme ou d'opinions politiques indésirables.

Principaux problèmes

Si la nature même de ces algorithmes est déjà une raison évidente de s'y opposer puisqu'il s'agira de machines à censurer en masse, voici des raisons supplémentaires :

  1. c'est une attaque évidente de votre liberté d’expression : ce que vous partagez ne relève plus de vous ;
  2. ces filtres automatisés ont tendance à faire de nombreuses erreurs et ce sera à vous de prouver que c'est le cas : face à des multinationales, ce sera quasi-impossible ;
  3. ce projet incitera les hébergeurs à éviter le risque en préférant sur-censurer « au cas où », au prix de votre liberté.

Que pouvons-nous faire ?

Les semaines à venir sont cruciales au Parlement européen. Contactez les eurodéputé·e·s de la commission « affaires juridiques » du Parlement (connue sous l'acronyme JURI), sur les réseaux sociaux, par courrier électronique ou par téléphone (vous pouvez appeler gratuitement). Vous en trouverez une liste ici et ici. Pour une liste par pays avec leur contact sur Twitter, c'est par ici.

Les 26 et 27 mars, elles et ils voteront sur ce texte. C'est le moment de leur faire savoir que vous êtes contre le filtrage de vos envois sur internet établi par l'article 13.

Mieux comprendre le contexte

  • le blog de l'eurodéputée Julia Reda, très engagée sur ce sujet ;
  • les explications de l'ONG de défense des droits EDRi (en anglais) ;
  • les dernier détails en date des négociations autour de ce problème (en anglais).