Analyse de SDTAN : Ardèche-Drôme Numérique

Vue d'ensemble

Le SDTAN publié par Ardèche-Drôme Numérique est un document complet, clair, et assez pédagogique. Il expose clairement, étape par étape, l'analyse de la situation existante dans les deux départements, et les objectifs visés. Chaque point soulevé est clairement étayé par des chiffres, des cartes, des faits, le plus souvent sourcés. Quasiment aucune affirmation gratuite balancée sans justification.

Analyse du document

Nos notes de lecture sont disponibles sur le wiki de la Fédération.

Nous pouvons saluer d'emblée le sérieux, la pédagogie et la lisibilité du document. Il est clairement produit par une équipe motivée, qui a travaillé son dossier.
Il est sous licence CC-BY, et assez agréable à lire, donc librement réutilisable par une collectivité en recherche d'inspiration (après modification, bien entendu, hein, le copieur aura une mauvaise note sinon). N'hésitez pas à y jeter un œil, il comporte un grand nombre de données utiles à la culture du citoyen sur son territoire et l'aménagement de celui-ci.

Relevons maintenant les éléments les plus marquants.

La mise en avant de la fibre est un élément clé : ils fournissent un argumentaire solide du choix qu'ils font de la fibre et expliquent pourquoi choisir d'autres technologies n'est pas approprié au Plan national Très Haut Débit. Le travail des lobbys de tout poil est donc freiné par ces précautions.

La montée en débit du cuivre ou du satellite n'est pas une option : il est bien expliqué dans le document que choisir la montée en débit du cuivre serait une perte d'argent et de temps pour la commune. Bien que l'approche ne soit pas formellement exclue, on sent qu'elle sera découragée.

Commencer par les zones les moins denses (zones grises) : le SDTAN prévoit de fibrer les zones grises en priorité, donc de résorber efficacement la fracture numérique. Fibrer en priorité les zones les moins denses (et/ou les moins bien couvertes), c'est apporter du réseau d'abord à ceux qui n'en ont pas (ou très peu, moins de 2Mb/s).
C'est aussi l'assurance d'avoir 40 à 60% d'abonnements la première année sur zone et d'avoir des revenus pour financer la suite.

On note l'existence d'une économie du réseau active sur le territoire. Il y a plus que les 4 gros opérateurs classiques : 33 opérateurs présents, dont 7 locaux, et un GIX (point d'échange) local. C'est un terrain très favorable à l'émergence de petites entreprises, mais aussi de FAI associatifs comme ceux de la Fédération FDN. C'est un terreau tout à fait fertile, à tous points de vue.

Le document soulève le problème de la commercialisation en « peau de léopard », c'est-à-dire concentrer ses efforts sur les zones urbaines, déjà raccordées à un réseau de bonne qualité, et laisser les personnes les moins pourvues en débit attendre. Très peu d'abonnés la premère année (15/20%) et un entretien des inégalités en débit déjà existantes.

Nous saluons le fait d'avoir identifié des compétences fortes qui fassent centre de ressources pour les municipalités ; le SDTAN fait état d'une étude d'ingénierie déjà avancée. L'équipe d'Ardèche-Drôme Numérique connait donc bien son territoire et son infrastructure. Les travaux ont donc des chances de se dérouler sans encombre.

L'équipe d'ADN a identifié comment être en accord avec le projet de financement du plan national : à long terme, un financement public n'est pas forcément une bonne chose, mais ils sont bien conscients de ne pas avoir la trésorerie nécessaire pour démarrer les travaux à court terme.
Notons (et c'est rappelé dans le document) que, contrairement à ce qui est soutenu par les opérateurs, c'est souvent grâce à l'injection d'argent public dans le projet que des régions entières ont pu êtres couvertes : en ce qui concerne l'ADSL en région Ardèche-Drôme, les opérateurs n'avaient équipé que 35 centraux (NRA). Quand ADN a pris le projet en main, 214 centraux ont pu être équipés.

En ce qui concerne les usages, il est clairement indiqué que 100Mb/s à très court terme ne suffiront pas, et qu'il faut aller vers le gigabit. En effet, on prévoit que le besoin de débit soit multiplié par dix tous les six ans, donc par cent tous les douze ans. Or, on sait que la fin des travaux est pour 2025 environ : on ne peut pas prévoir de donner à la population un débit qui sera déjà obsolète par rapport à ses usages.

Ils sont ouverts et attentifs : @UnRouteur (notre compte Twitter bénévoles tout neuf) tweete à propos du SDTAN à 22h ? On est lu, on a une réponse. Voilà une équipe à l'écoute de ce qui se dit sur son travail (et des critiques éventuelles qu'on peut y apporter).

Un bémol toutefois : le SDTAN annonce (page 135) une mise à jour semestrielle. Pour un document de juin 2013, analysé en mai 2014, on pourrait s'attendre à une mise à jour, voire deux. Il n'y en a manifestement pas eu. Il serait temps.

Au final, un document exemplaire, très bien renseigné, qui fait montre d'un travail colossal et d'une réelle motivation à aménager intelligemment le territoire de la région.

Il sera noté 9/10.

Notation

Le barème est consultable ici. Bravo !

Critère Note
Mise en avant de la fibre +
Montée en débit réduite +
Zones grises/blanches +
Plusieurs opérateurs +
Économie locale +
Risque "peau de léopard" identifié +
Risque "compétences" identifié +
Document mis à jour -
Compatible PNTHD +
Compris la croissance de la bande passante +
Bilan 9

Par principe, on n'a pas mis 10 :)