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Fournir des accès internet fibre dans nos FAI associatifs ?

L’accès à Internet se fait généralement par une connexion xDSL (ADSL, ADSL2, VDSL…) via le réseau téléphonique historique en France, en câbles cuivre. Cette technologie qui a permis de démocratiser l'accès à Internet à des coûts abordables souffre de différents problèmes :

– Le débit est lié à la distance du NRA (le « central téléphonique ») : à 5 km et plus, la connexion n’est plus possible (https://fr.wikipedia.org/wiki/VDSL2#/media/Fichier:VDSL2_Snelheid.gif)

– Le débit est limité (maximum 100 Mbit/s dans les meilleures conditions théoriques)

– Le réseau n’est presque plus entretenu et se dégrade très fortement : câbles et poteaux génèrent de très nombreuses pannes

– Ce réseau est voué à disparaître en 2030 ( https://www.arcep.fr/actualites/les-communiques-de-presse/detail/n/tarifs-du-degroupage.html ; https://www.orange.com/fr/le-socle-de-la-revolution-numerique/du-cuivre-la-fibre-la-mutation-des-reseaux-fixes)

– S’agissant d’un réseau payé par l’État, il est un service public opéré par l'opérateur historique Orange (ex France Télécom). Tous les opérateurs alternatifs doivent passer par Orange pour la desserte locale, générant une complexité et des délais importants

Tout cela conduit donc à s’intéresser de près à la fibre optique et à souhaiter s’y raccorder. Malheureusement, il est assez complexe pour un petit opérateur associatif d’y accéder : les offres sont très variées en prix et en périmètre.

– La fibre n’a pas de problèmes d’oxydation (gros entretien à faire sur le cuivre historiquement)

– Les débits sont beaucoup plus élevés

– La distance entre l’équipement actif et l’usager n’est pas assez grande pour observer une variation du débit (contrairement au cuivre)

- Le « câble » est plus fragile que le cuivre, la courbure possible est limitée

- Les techniques pour déployer la fibre demandent plus de matériel que pour le cuivre, et peu de personnes sont formées.

Le territoire Français a été découpé en plusieurs zones par l’ARCEP pour le déploiement FTTH (Fiber To The Home, « fibre jusqu’à la maison ») :

  • Zone très dense : inaccessible pour les petits, car chacun déploie son réseau indépendamment.
  • Zone moyennement dense avec AMII [Appel à Manifestation d’Intention d’Investissement] : quasi impossible pour les petits car il faut s’engager à couvrir toute une zone vaste en déployant le matériel sur fonds propres.
  • Zones peu denses (RIP : Réseau d’Initiative Publique) → ce qui nous intéresse.

Les deux premières zones sont difficiles d’accès pour un FAI associatif, car il faut beaucoup d’investissements pour la première, et il est nécessaire de répondre à l'AMII pour la seconde.

C’est un peu moins vrai pour les zones peu denses.

– Le délégant :  l’institution publique qui a la compétence du déploiement de la fibre sur un territoire et qui confie le déploiement et/ou l’exploitation à un acteur privé

– Le délégataire : opérateur/entreprise qui va déployer et opérer le réseau pour le délégant, avec un financement public et un contrat de délégation de service public sur une durée définie à l’avance (au moins 15 ans en général, et jusqu’à 30 ans).

Opérateur commercial et opérateur d'infrastructure

– Opérateur commercial : celui qui vend le service « accès internet », donc celui à qui on paye une facture en tant que client.

– Opérateur d’infrastructure : celui qui opère une infrastructure de fibre : il loue l’accès au réseau qu’il entretient aux opérateurs commerciaux.

Actif et passif ?

On parle d’offre activée ou d’offre passive.

Dans le cas d’une offre passive, l’opérateur d’infrastructure ne fait que louer les fibres. L’opérateur commercial devra déployer ses équipements télécoms pour transmettre les signaux lumineux dans les fibres. Cette option nécessite beaucoup d’investissements car il faut se déplacer dans tous les NRO (Nœuds de Raccordement Optique) pour mettre des équipements, louer les fibres à l’opérateur d’infrastructure, et se raccorder à son propre réseau.

Dans le cas de l’offre activée, c’est l’opérateur d’infrastructure qui pose les équipements actifs et met à disposition le trafic des abonné·e·s à un endroit donné : la porte de collecte.

Il est courant qu’un opérateur d’infrastructure propose les 2 options.

C’est difficile de fournir des accès FTTH pour un FAI associatif pour plusieurs raisons :

Dans une zone peu dense, le réseau est de la compétence des collectivités locales, qui mettent à disposition un réseau d’initiative publique, c’est à dire financé par l’argent public. Dans la majorité des cas, la collectivité locale décide de payer une entreprise privée pour déployer et exploiter ce réseau. On parle dans ce cas d’une délégation de service public (DSP).

Dans une délégation de service public, on retrouve 2 « acteurs » :

  • Dans certains RIP, l’absence d’offres activées rend inaccessible financièrement le FTTH. (plusieurs millions d’euros de budget, on fait pas)
  • Marche à l'entrée : la plupart des opérateurs d’infrastructure facturent des frais initiaux entre 2 000 € et 10 000 € pour la mise en place d’une collecte activée. C’est très peu pour un gros opérateur, mais pour nous c'est beaucoup et ça peut plomber les finances pendant un certain temps. Par exemple le FAI Illyse a dû faire un appel aux dons pour financer cette étape.
  • Multitude d’acteurs : 1 entité par département ou groupement de départements, même si 1 opérateur peut faire plusieurs départements, ça peut être compliqué en étant à cheval sur 2 départements par exemple. Mais finalement il y a peu d’opérateurs au niveau national : avec 6 portes de collecte, il est possible de couvrir presque tous les départements (voir la page https://fibre.ffdn.org/#parent_company).
  • Obstacle réglementaire : la loi ne prévoit pas que le réseau soit ouvert à d’autres opérateurs dans les zones denses et moyennement denses.

Comment la fibre arrive dans les logements ?

Voir : https://www.arcep.fr/fileadmin/reprise/dossiers/fibre/ftth-schemas-ref-terminologie.pdf

Chez l’abonné·e un équipement actif (il nécessite du courant) l'ONT (Optical Network Termination) est branché sur la prise fibre du logement du réseau fibre, puis il y a un équipement actif (routeur) fourni par le FAI.

L’ONT est fourni par l’opérateur d’infrastructure, il permet de communiquer avec l'équipement actif de l’opérateur dans le NRO (Nœud de Raccordement Optique) et de séparer les signaux des différents logements car contrairement à l’ADSL on raccorde plusieurs logements sur une même fibre d’un équipement actif.

En effet, le FTTH utilise la technologie GPON (Gigabit Passive Optical Network).

Le principe est de câbler au maximum 64 prises de fibre sur 1 seule fibre amont avec un petit cristal : chaque émetteur sur la fibre aval a le droit d’émettre pendant une fraction temporelle sur la fibre, et ainsi tout le monde se partage le débit.

Le fait de brancher le logement entre le PBO (Point de Branchement Optique) et le PTO (Point de Terminaison Optique) s’appelle la pose du câblage client final (CCF).

Le trafic de la prise est ensuite livré par l’opérateur d’infrastructure à la porte de collecte, et c’est à nous, FAI associatifs, de faire le reste (authentification de l’abonné·e, assignation d’adresses IP, routage du trafic…).

– Forcer tous les opérateurs d’infrastructure des RIP (Réseau d’Initiative Publique) à fournir des offres de collecte activées https://www.arcep.fr/collectivites/les-reseaux-dinitiative-publique-rip.html.

– Si une offre activée existe, obtenir le catalogue tarifaire (pas toujours évident), et des tarifs qui ne sont pas prohibitifs (prix de revient de 30 € la prise environ).

– Opérer en activé sur des RIP (comme ce que Illyse a déjà commencé) c’est à dire ouvrir une porte de collecte avec un opérateur d’infrastructure et raccorder des adhérents.

– Pour les zones plus denses : à terme, plutôt de l’activé, mais rien de concret pour le moment.

Chaque FAI est dans une zone géographique (sauf FDN) et donc sur certaines RIP seulement, en général un FAI n’a pas besoin de tous les opérateurs.

Plusieurs possibilités :

1) On fait porter la porte de collecte par un FAI qui fournit de la marque blanche ou re-livre la collecte à d’autres FAI. La marque blanche simplifie les démarches pour les petits FAI, car ils peuvent profiter du SI du FAI qui porte la marque blanche.

2) On peut également mutualiser la/les portes de collecte avec une organisation distincte. Dans ce dernier cas, nous pourrions potentiellement faire du peering fédéral étant donné que les portes de collectes sont essentiellement nationales. Le fait d'ouvrir une porte de collecte mutualisée n’empêche pas d’en ouvrir une autre plus tard si les FAI ont envie de se regrouper plutôt par territoires/affinités. Cela ressemble à un projet « gitoyen porte de collecte FFDN »  + interco entre FAI.

3) Possibilité de découper la question en court terme/long terme : d’abord 1 FAI prend une porte de collecte, puis 2, puis essaimage si nécessaire… etc. dans un objectif de décentralisation des collectes et surtout permettre de démarrer avec le max d’abonné·e·s au début, puis essaimer ensuite si on sature. Dans ce scénario, une porte de collecte est ouverte au début par un FAI qui a des ressources financières.

4) Si on raisonne au global, chaque FAI peut ouvrir 1 porte de collecte vers 1 opérateur, et il faut mailler entre les FAI en fonction des opérateurs visés ou faire un genre d’IX pour la collecte ?

5) Sur le modèle Grenode, faire émerger une grosse structure de mutualisation technique, pour les collectes, le transit, l’hébergement, etc.

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  • Dernière modification: 2020/12/07 06:37
  • de khrys